Quand le e-teaching le dispute au e-learning

Le verbe apprendre est polysémique. Son acception la plus fréquente concerne le processus d’acquisition de connaissances mais on l’emploie également parfois pour désigner le processus d’enseignement . Dans ces conditions, comment ne pas s’interroger sur le sens qui lui est réservé dans l’usage du terme e-learning.

Si une partie des analyses et des discours portant sur le e-learning traite effectivement des processus d’apprentissage, la plupart du temps, c’est la perspective de l’enseignement qui est prise en considération.

Ne devrait-on alors pas utiliser le terme de e-teaching, symétriquement à celui de e-learning  ? Cela aurait le mérite de situer les points de vue. On sait depuis toujours en pédagogie que, dans une situation d’apprentissage institutionnalisée , l’enseigner et l’apprendre, l’enseignant et l’apprenant sont indissociables. Les échanges entre enseignants et élèves sont finalisés par un apprentissage au sein d’un processus interactif enseigner-apprendre. Il s’agit d’une action dialectique, organisée et orientée dans laquelle enseignants et élèves mettent en œuvre des stratégies. Or, si l’on est en droit d’espérer que les stratégies déployées par les apprenants et les enseignants seront compatibles et complémentaires, on sait qu’elles sont différentes par leur nature et orientées vers des buts distincts. Il semble donc bien dangereux de réduire notre appréhension du e-learning aux seuls processus, outils et démarches d’enseignement. Il serait d’ailleurs exagéré de penser que cette question ne fait plus débat dans le contexte d’un environnement d’enseignement non médiatisé. Dans bien des cas, les pratiques de terrain montrent une grande dissymétrie entre l’attention portée à l’enseignement et celle à l’apprentissage.

En règle générale, nos représentations du métier d’enseignant s’attachent davantage à l’acte de mise à disposition des informations constitutives des contenus enseignés qu’aux conditions de leur réception, qu’à leur intégration ou à la construction de nouvelles connaissances et compétences.

Disons-le simplement au risque d’exprimer un truisme : on ne saurait concevoir et mettre en œuvre un programme de e-learning sans une prise en compte véritable des apprenants.

C’est essentiel, mais pas toujours si simple !

Lorsque telle université ou telle entreprise de formation envisage de former un très grand nombre d’étudiants ou de stagiaires, qu’elles ne rencontreront peut-être jamais , on peut s’interroger sur les moyens dont ces structures disposent pour la prise en compte des apprenants. Dans le meilleur des cas, on pourra se réfugier derrière le sujet épistémique de la psychologie qui considère l’individu dans sa normalité, disposant des compétences moyennes relatives à son âge. Pourtant, aussi indispensable qu’elle soit, cette connaissance ne suffira pas toujours à atteindre l’apprenant dans son individualité.