e-learning un buzz-word

Nombreux sont ceux qui envisagent d’abord les TICE comme un révélateur des pratiques pédagogiques existantes et, par-là même, comme une opportunité de les faire évoluer.

Il ne semble pas trop imprudent d’affirmer que cette proposition n’épuise pas toute la réalité des TICE. On ne peut que souscrire à l’idée que la construction d’une pratique raisonnée des TICE ne peut faire abstraction des questions ordinaires de la pédagogie mais on sait également que l’usage des TICE n’est pas neutre. L’usage d’outils de communication comme le courrier électronique asynchrone ou le chat textuel synchrone, par exemple, ne se substitue pas à des modes de communication plus conventionnels sans produire des effets qualitatifs et quantitatifs sur les interactions entre les apprenants et avec les enseignants. On ne communique pas seulement à distance ou en différé, on communique autrement .

S’agissant d’ingénierie pédagogique, il est courant aujourd’hui d’utiliser le terme de dispositif , dispositif, que l’on pourrait définir en première approximation, en empruntant à Foucault, comme un agencement d’éléments hétérogènes, fait d’éléments humains ou d’artefacts techniques, élaboré et mis en œuvre en fonction d’objectifs. En d’autres termes, un dispositif exerce une fonction fédérative et n’a de sens qu’en fonction des buts, objectivés ou non qui lui sont assignés. Philippe Hert défend l’hypothèse selon laquelle tout dispositif « dont le but est de produire ou permettre une forme de médiation (d’un savoir, d’un point de vue, d’une position individuelle, d’un questionnement, etc.) fait exister un espace particulier, préalable à la médiation et dans lequel elle peut se produire ». Voilà qui donne un cadre intéressant à la réflexion sur le e-learning, le situant en premier lieu comme un moyen de repenser les conditions de la médiation pédagogique.

Rien de tel qu’un buzz-word pour rebondir de points de vue en arguments

Ces quelques lignes n’ont d’autre prétention que d’attirer l’attention sur la complexité des questions que cache un mot d’apparence aussi anodine et qui fait l’objet d’un large consensus (mou). Même si cette complexité apparaît difficile à appréhender, il est sans doute indispensable de s’y confronter, sous peine de subir les discours et les modes sans disposer de repères pour opérer ses propres choix. Il est évident que cette démarche est rigoureusement impossible si l’on ne dispose pas d’une série de points de repères que l’on ne saurait découvrir seul.

Le mythe de l’enseignant innovateur solitaire a vécu. Une bonne articulation entre pratique, recherche, formation, assistance et ressources s’impose.

Il faut travailler au développement d’une ingénierie éducative adaptée au contexte du e-learning, une ingénierie éducative multidisciplinaire qui allie les points de vue de l’éducation à ceux des sciences de l’information, de la psychologie cognitive et sociale, de la sociologie des organisations, de la technologie et de l’économie.